Et si la mort n’était plus un mot interdit en soirée ? Si on pouvait s’intéresser au sujet sans figurer au générique de la Famille Addams ? Si on avait envie de parler de la mort tant qu’on est en vie ? Découvrez le mouvement Death Positive, qui participe à lever le tabou de la mort.
Vous avez dit Death positive… ?
Pour commencer, Death Positive, c’est avant tout un état d’esprit. Il s’agit d’aborder la mort… avec sérénité. En effet, nous sommes tous concernés par le sujet, et pourtant, on en parle assez peu.
En France, la mort est un sujet tabou. On n’en parle plus vraiment en famille, encore moins entre amis… La veillée funèbre à domicile disparait, le rituel funéraire recule… Finalement, le déni de la mort s’est installé dans notre société comme une norme subtile, et tant que la mort reste loin de chez soi, ça devrait aller…
Pourtant, la mort fait partie de la vie, tout comme le deuil. Il est simplement possible d’accepter la réalité de la mort, de la réintégrer dans la vie. Sans nier la tristesse et le respect dûs au défunt… Au contraire, les émotions ont leur place dans la vie, ne les cachons plus. N’oublions plus que le corps et l’esprit ont besoin de temps après la perte d’un être cher.
Les origines du Death Positive made in USA
The Order of the Good Death et sa fondatrice Caitlin Doughty
Jeune directrice de Pompes Funèbres à Los Angeles, Caitlin Doughty, réalise que l’industrie funéraire ne propose aux familles endeuillées que peu d’espace pour le deuil, ainsi que le chagrin ou encore la participation active aux obsèques… C’est à partir de ce constat qu’elle fonde, en 2011, The Order of the Good Death : un collectif rassemblant des professionnels des services funéraires, des universitaires et des artistes œuvrant pour changer la vision de la mort et la réintégrer… à la vie.
“The Order is about making death a part of your life. That means committing to staring down your death fears—whether it be your own death, the death of those you love, the pain of dying, the afterlife (or lack thereof), grief, corpses, bodily decomposition, or all of the above. Accepting that death itself is natural, but the death anxiety and terror of modern culture are not.”
Source : The Order of Good Death
« L’Ordre consiste à faire de la mort une partie de votre vie. Cela signifie s’engager à regarder vos peurs de la mort – que ce soit votre propre mort, la mort de ceux que vous aimez, la douleur de mourir, l’au-delà (ou son absence), le chagrin, les cadavres, la décomposition corporelle ou tout ce qui précède. Accepter que la mort elle-même est naturelle, mais que l’angoisse de la mort et la terreur de la culture moderne ne le sont pas.
Death Positive, une pensée qui se développe
Ainsi, depuis, de nombreuses personnes ont rejoint le mouvement Death Positive. En effet, sur sa chaîne YouTube, Ask a Mortician, Caitlin ne nous parle que la mort… et sa vidéo sur les corps du Titanic a plus de 3 millions de vues ! Enfin, en France, Juliette Cazes chercheuse indépendante en thanatologie & autrice en archéo & histoire funéraire a fondé Le Bizarreum, un média qui parle de thanatologie, d’anthropologie funéraire et de vulgarisation de la mort. Vous pourrez y apprendre depuis quand le noir est-elle la couleur des funérailles ? Ou encore découvrir des coutumes funéraires comme l’annonce de la mort aux abeilles…
Pour conclure, le mouvement Death positive incarne une volonté de réinventer la mort. Là où elle était tenue secrète, passée sous silence, il s’agit de se la réapproprier. En bref, de trouver la façon, qui nous correspond, de s’y préparer au mieux. Finalement, s’inscrire dans ce mouvement ne signifie pas ne plus avoir peur, mais plutôt vivre en pleine conscience d’une réalité, envisager de s’y préparer, de s’informer, d’exprimer à nos proches nos volontés.