L’écologique touche aussi la mort. En effet, les modes de sépulture actuels ont des conséquences environnementales. Mais des pratiques funéraires plus respectueuses sont possibles. C’est le cas de l’humusation, qui propose un retour à la terre.
L’humusation, ou le retour à la terre
L’humusation consiste en un processus naturel et contrôlé de transformation du corps en un compost sain et fertile : l’humus. Une transformation possible grâce à l’action des micro-organismes présents dans les premiers centimètres du sol.
Selon l’association belge Métamorphose pour mourir… puis donner la vie !, le procédé offre, à l’issue de sa vie, la possibilité de réduire de 5% son empreinte écologique globale plutôt que de l’augmenter d’au moins 5 à 10 % avec une inhumation ou une crémation.
Un modèle issu de la nature
L’humus est une terre noirâtre issue de la décomposition naturelle des débris provenant des végétaux, des animaux. Cette terre, si riche et fertile est présente dans la nature, et notamment dans les forêts. C’est d’ailleurs cet écosystème, celui de la forêt, qui a inspiré l’humusation. En effet, dans la forêt, chaque organisme se transforme, une fois sa vie terminée, participant ainsi au renouvellement de la vie.
Comment se déroule l’humusation ?
La préparation du corps
L’humusation commence avec la préparation du corps. Un linceul biodégradable enveloppe le corps. On évite les soins de conservation, car ils nécessitent l’utilisation de produits très polluants. On retire les bijoux. Puis, on dépose le défunt à même le sol, sur un mélange de broyats d’environ 20 centimètres. Ce mélange est humidifié d’eau de pluie et d’argile. Pour finir, on recouvre le défunt, ainsi installé, par ce même mélange, jusqu’à la formation d’une hutte entièrement recouverte de paille, de feuilles mortes broyées et même de tontes sèches de pelouse.
L’humusation
Une fois le corps installé et recouvert, la décomposition naturelle commence. Comme dans la nature, ce procédé génère une forte chaleur, autour de 70°C, écartant les animaux sauvages et tuant les germes à risques. De plus, l’humusation, telle que proposée par Métamorphose, se fera sur des terrains dédiés, clôturés et sécurisés par un gardiennage permanent des humusateurs.
Les humusateurs entretiendront ce monument vivant. Ce sont eux qui, le moment venu, retireront les éléments non biodégradables du corps, comme les prothèses, par exemple. Ils réduiront dents et ossements, riches en phosphore et en calcium, avant de les réintégrer au monument.
En 12 mois, le corps se transforme en un humus sain et fertile (un corps devrait produite environ 1,5 m3 d’humus). C’est un terreau si qu’il pourrait régénérer des terres appauvries comme des terrains agricoles trop exploités. Ou servir à planter un arbre du souvenir (1% seulement est nécessaire par arbre…)
L’humusation dans le monde et en France
En Belgique
En Belgique, c’est l’association Métamorphose pour mourir… puis donner la vie !, présidée par Francis Busigny, qui milite depuis plusieurs années en faveur de l’humusation. Afin de faire connaître ce procédé. Mais aussi de le rendre possible.
Des tests ont été effectués, dans le cadre d’une étude commandée en 2018 par le SPW-Développement durable de la région wallonne auprès de l’UCLouvain. Voici ce que sa conclusion rapporte : « L’humusation naturelle n’est pas en l’état une alternative viable à l’incinération et à l’inhumation traditionnelle. La levée des facteurs bloquant le compostage et la gestion de la pollution azotée requièrent une réflexion de fond et multidisciplinaire sur le processus » (d’après Adrien Dockx, Rémi Desmet et Philippe Baret, les trois auteurs du rapport rendu au SPW-Développement durable).
Néanmoins, « Métamorphose pour mourir… puis donner la vie ! » conteste ces résultats, estimant que d’une part l’étude présente de graves lacunes et d’autre part les conditions d’humusation telles que recommandées par Métamorphose n’ont pas été respectées. L’association n’ayant d’ailleurs été consultée que très tardivement… Métamorphose a aujourd’hui comme projet la création du 1er Centre Pilote pour l’humusation au monde, sur base d’un financement citoyen.
Aux États-Unis
Aux État-Unis, l’État de Washington autorise depuis 2019 un compostage humain. C’est la société Recompose, fondée par Katrina Spade qui a développé un procédé accéléré de décomposition. Attention toutefois à ne pas confondre Recompose et l’humusation, comme l’explique Métamorphose.
En France
En France, si l’humusation n’est aujourd’hui pas autorisée, l’association HumoSapiens, avec à sa tête Pierre Berneur, agit pour permettre ce mode de sépulture. Perpétuer la vie grâce à une mort régénérative.
C’est aussi ce que défend l’association Humusation France. Créée en 2021 et basée en Dordogne, l’association milite activement pour l’humusation. Retrouvez juste ici l’interview (partie 1 et partie 2) de sa présidente, Florence Valdés. Un beau projet qu’Agapè soutient.